
L’Afrique subsaharienne est dotée d’une tradition d’éducation islamique très vivante où les femmes jouent un rôle primordial dans le processus de transmission et de pérennisation du savoir religieux.
Contrairement à ce que soutiennent certaines représentations erronées véhiculées par certains mouvements qui tendent à marginaliser les femmes, l’histoire et l’actualité démontrent qu’elles apportent leur contribution au monde scolaire et qu’elles méritent d’être reconnues et valorisées.
Une présence féminine historique dans l’éducation islamique
Les femmes ont été historiquement présentes dans l’enseignement islamique en Afrique subsaharienne. Elles ont certes participé à la transmission des savoirs religieux, mais elles ont également fondé et dirigé des établissements scolaires.
C’est ainsi que, dans les mouvements de réforme soufie des XVIIIᵉ et XIXᵉ siècles, elles ont joué un rôle-clef pour l’essor des établissements éducatifs islamiques et pour le renforcement de l’autorité religieuse masculine.

L’exemple de Seyda Maryam Niasse au Sénégal
Au Sénégal, Seyda Maryam Niasse (1932-2020) est devenue au fil du temps une figure emblématique de l’éducation arabo-islamique, alors que l’enseignement arabo-islamique était largement un monde d’hommes. Elle a créé des écoles et des centres de formation pour jeunes filles, brisant du même coup les codes culturels et sociaux.
Son engagement aura permis de former un grand nombre de femmes à l’enseignement religieux, renforçant ainsi leur rôle dans la communauté musulmane.
Les femmes, un pilier de la transmission du savoir religieux
Dans de nombreuses localités, elles assurent l’enseignement du Coran aux enfants et/ou aux adultes. Elles organisent des cercles d’études, des causeries ou des sessions de formation, contribuant ainsi à la vitalité spirituelle et intellectuelle du milieu.
Ce qui montre bien, loin de nous faire croire qu’elles jouent un rôle secondaire, qu’elles sont au cœur de la dynamique éducative islamique en Afrique subsaharienne.
Défis contemporains et résilience féminine
Ces femmes éducatrices, malgré leur apport et leur engagement pour la Nation, continuent d’affronter des obstacles, comme le manque de reconnaissance officielle des populations, la précarisation des ressources, le poids des traditionalismes socioculturels.
Mais la patience et la force intérieure leur permettent de supporter les épreuves. Elles sont accompagnées par des initiatives locales et globales qui se mettent en place dans la conviction que leur autonomie est un socle incontournable pour l’harmonie des sociétés.
Qu’on ne s’y trompe pas, l’opposition très vivace que leur réserve certains groupuscules extrémistes et conservateurs affectant le rôle de ces femmes dans l’habitacle public (notamment éducationnel).
S’agissant de l’histoire et de la réalité actuelle du pays et du continent subsaharien, les communautés musulmanes dans leur diversité apprécient l’apport de ces femmes. De sorte que toute tentative de marginalisation se trouve contredite par les pratiques et préceptes islamiques qui font de la recherche du savoir un principe fondamental pour tous, sans distinction de genre.
C’est dire que la place des femmes dans l’éducation islamique, en Afrique subsaharienne, est à la fois historique et incontournable.
C’est en relevant et soutenant leur rôle que l’on peut lutter contre les narrations extrémistes pour une plus authentique et inclusive compréhension de l’Islam. En valorisant les apportsdes femmes, on renforcera le lien social et ainsi créer des perspectives prometteuses pour un avenir meilleur et plus paisible pour les générations futures.
Amine BENROCHD
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