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L’Art et l’Islam, Élévation Spirituelle de l’Âme et Quête d’Inspiration Divine

Photo du rédacteur: MinbarInfo GMPMinbarInfo GMP


L’art, depuis des siècles, fait partie intégrante de l’humanité. Il transcende les cultures, les civilisations, et peut être vu comme un reflet de l’âme humaine et de ses aspirations les plus profondes.

 

Dans le cadre de l’Islam, il existe une vision complexe et nuancée de l’art.

 

Si certains opposants affirment que l’art est haram (interdit) en raison de certaines interprétations littérales des textes sacrés, une lecture approfondie et contextuelle montre que l’art peut, au contraire, être une voie d’élévation spirituelle, un moyen de se connecter à la dimension divine et de purifier l’âme humaine.

 

L’art, loin d’être incompatible avec l’Islam selon cette approche, est en vérité une voie d’expression spirituelle, à condition que cette expression serve à glorifier le Créateur, à éveiller la conscience et à maintenir une relation sincère avec Dieu.

 

La Beauté Divine et l’Art comme Reflet de la Création

 

L’Islam, dans ses principes théologiques, met en avant l’idée que Dieu (Allah) est la source première de toute beauté. Le Coran, en effet, déclare que Dieu est l’Incomparable Beau (Al-Jamil) et le Créateur de toute beauté.

 

Cette perception de la beauté divine, omniprésente dans la nature, les cieux, les montagnes, les rivières et la vie elle-même, s’étend à la manière dont l’homme peut exprimer cette beauté. Dans ce cadre, l’art, en particulier la poésie, la calligraphie et l’architecture, ne sont pas des manifestations superficielles ou mondaines, mais des manières de refléter cette beauté divine dans le monde visible.

 

Le Coran nous invite à contempler la nature et l’univers comme une œuvre d’art divine, un moyen de percevoir la grandeur et la perfection de Dieu.

 

Nous leur montrerons Nos signes dans l’univers et en eux-mêmes, jusqu’à ce qu’il leur soit évident que c’est la vérité.”(S 41-V 53)

 

Ainsi, l’art, qui sert à rendre hommage à cette beauté divine, ne peut être perçu comme incompatible avec les enseignements coraniques. Il devient même une forme d’adoration, une manière de manifester la gratitude envers le Créateur en mettant en lumière Sa création.

 

La beauté, dans cette optique, n’est pas seulement une qualité esthétique mais également un reflet de la perfection divine. Chaque œuvre d’art qui traduit cette beauté permet à l’âme humaine de s’élever, de s’approcher de la source ultime de beauté, Dieu Lui-même. L’art devient alors un moyen de contempler le divin dans les aspects les plus subtils de la création.

 

L’Art comme Instrument d’Élévation Spirituelle

 

L’élévation spirituelle occupe une place centrale dans l’Islam, dont elle constitue le but, tel qu’affirmé dans le Coran et les hadiths. Le croyant est invité à purifier la face de son âme afin d’atteindre Dieu.

 

Toujours à cette fin, faire vibrer l’âme par l’art peut participer, par tout ce qu’il peut faire émerger de contemplation, de méditation ou de recherche intérieure, à cette élévation spirituelle pour laquelle l’art est un langage qui ne peut se limiter à la seule forme, la seule couleur ou au seul son.

 

Les formes artistiques que sont, par exemple, poésie, musique et calligraphie servent en Islam souvent à éveiller l’âme à la beauté du fait divin.

 

La poésie mystique soufie, par exemple, incarne cette aspiration à la proximité divine. Des poètes comme l’immense Rûmi ont utilisé l’art poétique pour exprimer leur amour de Dieu et leur quête de la vérité spirituelle.

 

Rûmi disait : “L’art est un moyen de rendre visible l’invisible”, et cela se retrouve dans l’idée que l’art peut être un véhicule permettant de relier le monde matériel au monde spirituel.

 

Dans le domaine musical, bien que certains courants musulmans aient des réserves vis-à-vis de la musique, d’autres, en particulier les soufis, ont adopté la musique comme un moyen de purification de l’âme.

 

Les derviches tourneurs sont un exemple frappant de cette pratique où la danse et la musique, loin d’être des distractions mondaines, deviennent un acte de dévotion, un moyen de s’élever vers Dieu par la beauté du mouvement et du son.

 

L’art, ainsi, loin de détourner le croyant de sa foi, peut au contraire l’amener à une meilleure compréhension du divin et à une purification de l’âme. La contemplation d’une œuvre d’art qui reflète la beauté divine pousse le croyant à réfléchir, à méditer sur les signes de Dieu dans le monde et dans son propre cœur.

 

Les Hadiths et la Poésie : L’Art comme Moyen d’Expression Spirituelle

 

Certains hadiths sont souvent évoqués pour interdire certaines formes artistiques, notamment la représentation d’êtres vivants au travers d’images ou de sculptures ; l’interdit est parfois bien mal compris.

 

Le Prophète Mohamed (QSSL) a déconseillé la création d’images qui pourraient être idolâtrées, mais cette interdiction visait avant tout à empêcher la déviation spirituelle. Il est important de noter que cette perspective n’empêche pas l’existence de formes artistiques qui visent à élever l’âme et qui n’entrent pas dans cette logique de représentation idolâtrique.

 

De plus, le Prophète de l’Islam lui-même appréciait certaines formes d’art, notamment la poésie. Il disait : “Il y a de la sagesse dans la poésie” (Sahih al-Bukhari).

 

La poésie était un moyen pour les musulmans de réfléchir à des concepts profonds et spirituels. Le Prophète appréciait aussi les poètes qui rendaient hommage à Dieu et à la communauté musulmane comme le célèbre poète Hassan ibn Thabit.

 

Par ailleurs, la poésie en Islam occupe une signification spirituelle indéniable puisqu’elle ne recherche pas d’abord mais exprime les vérités profondes sur la foi, le rapport au Beau divin et à l’existence humaine.

 

Les grands poètes soufis comme Rûmî ou Al-Hallaj ont illustré cette pratique avec leurs œuvres qui étaient avant tout des prières poétiques. Leur art visait à purifier l’âme et à rapprocher le croyant de Dieu, en l’invitant à transcender le monde matériel pour entrer en contact avec le divin.

 

Appel à l’Art et Écriture du Grand Livre

 

La calligraphie, en tant qu’art islamique fondateur de la culture musulmane, n’est à considérer que comme le fidèle reflet de la beauté du discours, de la croyance et de la dévotion.  

 

En effet, nul ne peut nier que les sublimes calligraphies des versets du noble Coran, souvent transcrits selon le plus grand souci de précision et de beauté qui sied au texte divin, constituent au final un véritable acte d’adoration en soi.

 

La calligraphie ne relèverait donc pas de l’esthétique mais matérialiserait la profonde ferveur permettant au croyant d’atteindre Dieu, grâce à la beauté des mots sacrés.

 

La calligraphie est un exemple précis où l’art et la spiritualité se rejoignent. En récitant un verset coranique inscrit avec soin et beauté, le croyant ne fait pas que lire ; il expérimente une forme de communion avec le divin.

 

Le khatt (la calligraphie) devient ainsi un dhikr (rappel de Dieu), permettant à l’âme de s’élever.

 

L’Art, Véhicule Spirituel et Divin

 

De ce qui précède, il nous parait évident que l’art ne peut êtreopposé à la foi, dans ce sens qu’il est un moyen d’une élévation spirituelle.

 

L’art islamique, sous ses formes variées — poésie, musique, calligraphie — a pour vocation d’élever l’âme humaine, d’approfondir la connexion avec Dieu et d’éveiller la conscience du divin.

 

En tant que reflet de la beauté divine et comme moyen de purification de l’âme, l’art peut servir à renforcer la foi, à méditer sur les signes de Dieu dans l’univers et à rechercher la vérité spirituelle.

 

Sous cette perspective, l’art ne peut être perçu comme haram en soi, car tout dépend finalement de son intention et de son impact sur le croyant.

 

Si l’art est conçu comme un moyen de célébrer la beauté divine, d’élever l’âme et de purifier l’esprit, il devient une voie légitime et même précieuse dans le cadre de la spiritualité islamique.

 

L’Islam, en valorisant la beauté et en invitant à la contemplation de la création divine, offre un espace pour que l’art puisse être une voie d’adoration et un moyen d’approfondir la relation avec le Créateur.

 

Ce n’est qu’en dépassant une vision littérale et réductrice de certaines interdictions que nous pourrons pleinement apprécier la richesse spirituelle de l’art dans l’Islam et en faire un outil pour rapprocher l’humanité de Dieu.

 



AMINE BENROCHD

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