
La mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’Islam après la Kaaba à La Mecque et la mosquée du Prophète Mohamed (QSSL) à Médine, se situe à Jérusalem, berceau de traditions religieuses.

Sa construction débute sous la dynastie omeyyade, à l'initiative du calife Abdel-Malik Bin Marwan, qui souhaitait élever un lieu de culte d'une grandeur comparable à celle de l'Islam, en écho à l’importance spirituelle et politique de Jérusalem dans la tradition musulmane.
La mosquée Al-Aqsa, lieu sacré incontournable dans le monde musulman, a été rénovée à plusieurs reprise après les dégâts qu’elle a subie suite à des catastrophes naturelles et des conflits militaires, sans que cela n’entame son importance religieuse et son rôle en tant que site de prière.
Le Saint Coran cite la mosquée d’Al-Aqsa dans le verset relatif au voyage nocturne (Isra) du Prophète Mohamed (QSSL), où ce dernier est transporté de la Mosquée sacrée de La Mecque à la Mosquée Al-Aqsa avant de s’élever vers les cieux lors de l'ascension (Miraj).
Ce voyage symbolise non seulement la proximité de ce lieu à la présence divine, mais aussi l’unité de l’humanité dans sa relation avec Dieu, à travers les prophètes et leurs communautés. Ce moment fondateur inscrit Al-Aqsa comme un site de rassemblement spirituel, où tous les prophètes se seraient unis pour prier ensemble, renforçant ainsi sa sacralité pour les musulmans.
Le Cheikh Omar Kiswani, directeur du complexe d'Al-Aqsa, rappelle à cet égard qu’en prière à Al-Aqsa, chaque acte de dévotion est multiplié par 500, soulignant ainsi la grandeur spirituelle de cet endroit. Il souligne également que l’ensemble du site, y compris l’esplanade, les jardins et les bâtiments, est perçu comme une grande mosquée, un lieu de communion entre les croyants de toutes époques.
L’Esplanade des Mosquées, Al-Haram al-Sharif en arabe, est cet espace sacré où se côtoient la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher.

Ce dernier fut érigé sur ce site chargé d’histoire, associé à des cultes antérieurs, notamment le Temple de Salomon, bien que cette origine reste encore sujette à débat au regard des preuves archéologiques.
Le Dôme du Rocher, monument indépendant, est souvent confondu dans les médias avec la mosquée d’Al-Aqsa elle-même, construit pour marquer l'emplacement supposé de l’ascension céleste du Prophète Mohamed (QSSL).
Ibn Battuta, grand voyageur se serait écrié en 1236 : « La langue de qui la voit est incapable de la décrire. » Ces paroles témoignent de l’émerveillement que lui a suscité le Dôme du Rocher, que l’on présente aujourd’hui encore comme l’un des monuments les plus emblématiques de la ville sainte.
Parallèlement, cet imposant chef-d'œuvre de l’art architectural islamique possède une profonde signification religieuse et politique, dont les racines sont à la base de tensions dans le contexte du conflit israélo-palestinien.
Si le Dôme du Rocher, avec son toit doré, représente un site fondamental pour les musulmans, il est également au cœur des tensions entre les différentes communautés religieuses.
Pour de nombreux juifs, il symbolise un affront, car ils considèrent ce site comme le lieu où se trouvait autrefois le Temple de Salomon, détruit en l’an 70 de notre ère. Le mur qui en subsiste, le Mur occidental ou mur des Lamentations, est vénéré comme le lieu le plus sacré du judaïsme.
Le 20e siècle a été marqué par des luttes politiques récurrentes concernant ce site. En 1967, à la suite de la guerre des Six Jours, Israël prend le contrôle de Jérusalem-Est, y compris de l’Esplanade des Mosquées.
Remontant à Saladin, le quartier maghrébin de la Vieille Ville de Jérusalem a ainsi été rasé en une nuit par l’armée israélienne en ce 10 juin 1967, afin de dégager une vaste esplanade devant le mur des Lamentations.
L’histoire de ce quartier commence avec la reconquête de Jérusalem en 1187, et conformément à ses ambitions impériales, Saladin crée plusieurs fondations religieuses dans le but d’héberger les pèlerins arrivant du Maghreb.
Les habitants de l’Algérie de la Tunisie et du Maroc en route pour le pèlerinage à la Mecque étaient nombreux à s’arrêter à Jérusalem.
Le quartier maghrébin se développe, géré par le waqf (fondation religieuse) Abou Médiene, en l’honneur de Sidi Abou Médiene, lieutenant de Saladin, mystique soufi dont les racines familiales sont à Tlemcen, en Algérie.
C’est dire si la perte de souveraineté de ces lieux sacrés pour tous les musulmans, et leur appropriation par l’État d’Israël, a entraîné une recrudescence des tensions entre les différentes communautés religieuses et a alimenté des revendications et antagonismes concernant l’avenir de ce lieu.
Comme nous l’avons cité plus haut, le Dôme du Rocher est souvent présenté comme étant la mosquée Al-Aqsa.
Pourtant cette confusion, loin d’être anodine pour certains, masque la réalité historique et théologique des sites, et renforce parfois des malentendus ou des tensions entre les communautés musulmane et juive, notamment en ce qui concerne les revendications sur la terre.
Des analystes ont suggéré que cette confusion est parfois utilisée à des fins politiques, afin d’effacer l’identité et la signification historique de la mosquée Al-Aqsa au profit d’une idéologie de reconstruction du Temple juif.
Le politologue spécialiste du dossier palestinien, Tareq Fahmy, explique que la mosquée Al-Aqsa, dans son ensemble, englobe non seulement la mosquée à proprement parler, mais aussi l’ensemble des structures et de l’espace sacré du Haram al-Sharif, souvent sous-estimé ou ignoré dans les débats médiatiques.
C’est ce qui rend la situation politique autour d’Al-Aqsa et du Dôme du Rocher d’une extrême complexité.
Pour les musulmans, ces sites ne sont pas seulement des lieux de prière, mais aussi des symboles de résistance contre l’occupation israélienne. Al-Aqsa est un point focal de l’identité palestinienne et un levier dans les revendications nationales.
Parallèlement, le Mont du Temple reste un site sacré central pour les traditions religieuses juives, et plusieurs courants continuent de prôner la reconstruction du Temple.
Les provocations politiques extrémistes, telles les visites de responsables israéliens sur l’esplanade, ou les différentes limitations imposées aux musulmans souhaitant y prier, exacerbent régulièrement les tensions et engendrent des violences qui trouvent un écho profond non seulement dans la sphère religieuse, mais aussi dans la politique internationale, où le statu quo sur la ville d’Al-Qods reste un sujet de crispation central.
La Rédaction
©Minbarinfo 2025
Comments