Dans Le problème des idées dans le monde musulman, Malek Bennabi montre la primordialité de l'idée, en tant que force, en tant que dynamique. Elle est la base de toute action, de tout changement possible. Sans l'idée, il n'y a que déchéance, et c'est ce qui a fait le défaut de l'homme musulman qui a préféré s'attacher au monde des choses plutôt qu'au monde des idées.
Dans cet ouvrage, Malek Bennabi inscrit le besoin nécessaire du retour à la pensée, à l'enrichissement intellectuel dynamique, vivant, et non sclérosant et pompeux. Il rappelle que' le souffle de la révélation coranique a été intimement lié à la notion d'idée, de rappel à l'esprit, à l'intellect, à travers les premiers versets révélés : « Énonce ! ». Ainsi l'homme est-il fait pour se construire un monde basé sur des idées, avant de se construire un monde fixé sur l'obsession de la chose.
Cet ouvrage captivant complète Le problème de la culture, à travers une réflexion peu rencontrée jusqu'alors dans la sphère intellectuelle musulmane.
Malek Bennabi s'est intéressé aux «idées» en tant que déterminants psychologiques des comportements individuels, en leur qualité de «drives» spirituels sans lesquels aucune œuvre collective n'est possible. S'il n'emploie pas le terme anglais, la signification qu'il leur donne dans son œuvre est la même que celle que recouvre ce mot (pulsions, motivations). Même les culturalistes modernes ont reconnu la nécessité d'une dimension spirituelle dans les motivations qui animent les hommes et déterminent leurs actions.
Ce sont les idées qui motivent les groupes sociaux, donnent une signification à leur vie et inspirent leurs règles juridiques. La relation des idées avec l'action est de trois ordres explique Bennabi: d'ordre éthique par rapport au monde des personnes, d'ordre logique par rapport à l'univers-idées, et d'ordre technique par rapport au monde des choses. Elles opèrent sur les hommes en fonction de leur force de persuasion. Plus une idée tend vers le sacré, plus elle stimule l'homme.
Bennabi distingue dans une idée, l'Islam par exemple, les idées mortes (qui ne sont plus opérationnelles, qui ne peuvent plus représenter un progrès, qui bloquent le processus d'évolution, qui ne produisent plus que des situations de décadence) et les idées mortelles (qui sont importées d'un autre univers culturel, qui ne s'intègrent pas dans l'environnement auquel elles sont proposée ou imposées, qui nuisent aux équilibres en place).
Les idées mortes sont celles issues de notre hérédité sociologique, et les idées mortelles celles qui sont empruntées, sans décantation, de l'extérieur.
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