
Neuvième mois du calendrier lunaire islamique, le Ramadan est considéré comme un moment sacré pour tout musulman, car c’est durant ce mois que le Coran a été révélé au Prophète Mohamed (QSSL).
Ce mois béni est caractérisé par le jeûne, la prière et la réflexion spirituelle, d’où la portée significative non seulement sur le plan individuel, mais aussi sur les dynamiques sociales et communautaires, qui à travers la solidarité, le pardon et l’unité familiale, incarne des valeurs essentielles qui transcendent les frontières religieuses.
Par exemple, des initiatives de partage de repas avec des voisins ou des amis qui ne jeûnent pas favorisent un climat d’harmonie, tout comme la tolérance envers ceux qui ne participent pas au jeûne est fondamentale pour maintenir une coexistence pacifique et apaisée.
Le Ramadan offre par ailleurs aux non-musulmans l’occasion d’en apprendre davantage sur les pratiques et la culture islamiques, suscitant souvent des dialogues sur des valeurs et des traditions partagées.
Le Ramadan est également un moment fort pour renforcer les liens familiaux. La rupture du jeûne (iftar) est partagée en famille, souvent élargie, créant une atmosphère chaleureuse et conviviale. De nombreuses familles se rassemblent ainsi pour prier ensemble, partager des histoires et préparer des plats traditionnels, renforçant ainsi leur unité.
Spirituellement, le jeûne renforce la relation avec le Divin à travers l’enseignement d’une certaine discipline et le recours à l’empathie envers les moins fortunés, cultivant ainsi un sens profond d’appartenance à la communauté musulmane (Umma).
“Ô vous qui croyez ! On vous a prescrit le jeûne comme on l’a prescrit à ceux d’avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété.” S2-V183
L’érudit musulman Ibn Khuzaymah a transmis un hadith dans lequel le prophète Mohamed (QSSL) dit que le Ramadan est un mois dont le commencement est la miséricorde, dont le milieu est la compassion, et dont la fin est la libération de l’enfer.
C’est ce qui explique la tendance de beaucoup de cultures musulmanes à clore le Ramadan par cette pratique de demander pardon aux proches, leurs familles et amis, pour les éventuels torts qu’elle leur a infligés.
Que le Ramadan soit l’occasion pour nous tous d’offrir aux autres le don que nous avons déjà reçu du Dieu qui est miséricordieux envers tous et compatissant envers chacun : le don du pardon.
Jeûner pendant le Ramadan constitue par ailleurs un acte d’élévation spirituelle, les musulmans intensifiant leurs prières et s’engageant dans des actes de profonde dévotion, ce qui leur permet de se reconnecter avec leur foi. Il est indéniable que ce processus introspectif aide à renforcer l’identité communautaire tout en cultivant une conscience sociale accrue.
Notons que le jeûne n’est pas unique à l’islam ; il est également présent dans d’autres traditions religieuses.
Dans le judaïsme, Yom Kippour est un jour de jeûne et de repentance durant lequel les juifs s’abstiennent de nourriture et d’eau pendant 25 heures pour se rapprocher de Dieu.
Pendant le Carême, les chrétiens pratiquent le jeûne en s’abstenant de viande certains jours et en limitant leur consommation alimentaire pendant 40 jours, un temps de préparation spirituelle avant Pâques.
Des périodes de jeûne sont également observées dans l’hindouisme, où les fidèles s’abstiennent de divers aliments pour favoriser la purification spirituelle.
Ces pratiques partagées soulignent l’importance du jeûne comme moyen d’atteindre une plus grande spiritualité et une connexion avec le divin pour tout croyant.
Le jeûne a également des bienfaits prouvés pour la santé, tels que l’amélioration du métabolisme et la réduction du stress. Il permet au corps de se régénérer tout en offrant une opportunité de réévaluation des habitudes alimentaires.
Pendant ce mois sacré, la zakat (aumône obligatoire), est essentielle. Elle purifie les biens des croyants et aide ceux qui sont dans le besoin. Elle est très révélatrice du fait que, malgré le fait que l’Islam ne bloque ni l’entreprise individuelle, ni ne fustige la propriété privée, il n’autorise pas non plus le capitalisme égoïste ou cupide.
La zakat est une des bases de la philosophie générale de l’Islam qui propose, comme une voie médiane certes entre l’individu et la société, mais également entre le citoyen et l’État, entre le matérialisme et la spiritualité…
En ces périodes de crise économique ou alimentaire de par le monde, la zakat est une réponse cruciale pour atténuer les souffrances des plus démunis, encourageant une culture d’entraide au sein des communautés par la redistribution des richesses, ce qui contribue à réduire les inégalités sociales et à promouvoir une société plus juste.
Lorsque le Ramadan est bien observé, il peut également s’inscrire dans les valeurs fondamentales de la République française : liberté, égalité et fraternité. Le respect des pratiques religieuses apporte toute son importance à une société où tout croyant peut vivre sa foi librement, tout en respectant celle des autres.
Le Président français Emmanuel Macron avait souligné lors d’un discours au Conseil français du culte musulman, qu’il était essentiel que « tous les citoyens soient considérés comme égaux au sein d’une République qui garantit la liberté d’expression religieuse ».
En observant le mois sacré de Ramadan avec la dévotion qu’il lui sied, tout en respectant ceux qui ne jeûnent pas, les musulmans seront en mesure de démontrer que leur foi enrichit le tissu social français, et souligne l’importance du dialogue interreligieux et du vivre-ensemble dans un pays où diverses croyances coexistent.
En encourageant les actes de charité et en renforçant les liens communautaires, il promeut un modèle d’humanité où chaque individu est responsable du bien-être des autres, quel que soit sa confession, sa couleur de peau ou son origine. Ce mois sacré rappelle aux musulmans que leur foi doit se traduire par des actions concrètes visant surtout à améliorer la vie des autres.
Il nous parait de ce fait clair que le Ramadan incarne avec profondeur les valeurs humanistes fondamentales qui résonnent universellement, telle la solidarité, l’empathie et le respect mutuel, favorisant de ce fait l’harmonie et la compréhension dans un monde diversifié.
Les valeurs morales et religieuses sont également un puissant facteur de régulation de l’économie et de la société. Quand elles inspirent une certaine forme d’ascétisme, de dépassementde soi, de disponibilité, de générosité dans l’effort, elles sont d’un apport inestimable dans la création des richesses des nations.
Il n’est pas un Imam érudit ou homme de bon sens qui ne vous dira pas que l’on trahit nos idéaux de progrès et de justice si on tourne le dos aux enseignements et à la portée symbolique du mois de Ramadan.
AMINE BENROCHD
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