top of page

L'Histoire de la Pluralité en Islam. 3ème Partie




Dans nos précédents articles sur l’Histoire de la Pluralité en Islam, nous avions évoqué les premières écoles de pensées musulmanes, qui avaient très tôt proposé de nouvelles interprétations de l’Islam et des fondements théologiques aussi enrichissants qu’originaux pour l’ensemble de la communauté musulmane.


Nous avions également parlé de cette importante branche minoritaire de l’Islam qu’est la shi’a ‘Alî (parti de ‘Alî) ou de Chiites, qui ont décidé leur retraite pour ne pas prendre part, à « un pouvoir mécréant ».


Dans ce troisième et avant dernier volet, nous allons traiter du kharijisme, dont la doctrine rejoint en certains points le courant les mutazilites, ainsi que ses propres courants que sont le Suffrisme ou l’Ibadisme.


Histoire de l’émergence des kharidjites.


Défaits par le Calife Ali durant la bataille du Chameau, en référence à la monture de l'épouse préférée du Prophèteﷺ, Aicha, le clan des Quraychites, dont est issu Mu'awiya, va à son tour défier le gendre et cousin du Prophète ﷺ, Ali, dans la bataille de Siffin.


D’après la tradition, Mu’awiya aurait placé des exemplaires du Coran au bout des lances de ses soldats, stoppant ainsi l’armée d’Ali. Ce dernier perd le califat à la suite d’un arbitrage qui proclame Mu’awiya nouveau calife.


Certains partisans d’Ali n’admettent pas le compromis, affirmant que seul Dieu peut juger et qu’une intervention humaine pour décider de qui doit être Calife est illégitime.

Ils sortent alors des rangs de l’armée d’Ali pour devenir un courant minoritaire rigoriste et intransigeant : les Kharidjites.


Les Kharidjites, qui représentent aujourd’hui à peine 1% des 2 milliards de musulmans dans le monde, ont pourtant joué un rôle important en Islam.


En effet, les Kharidjites ne vont pas que contester et condamner le Califat d’Ali, ils vont lancer plusieurs batailles contre lui et finir par assassiner le quatrième Calife de l’Islam en 661 de notre ère. Ils perdront néanmoins leur révolte contre les Omeyades.



La doctrine Kharidjite


Les Kharidjite, contrairement à la première école de théologie musulmane des Murjiites et celles plus radicale des Jahmiya, estiment que la reconnaissance de la foi pour le croyant passe par ses actes, et par un comportement exemplaire.


Par conséquent, les Kharidjites considèrent que tout musulman peut devenir Calife une fois choisi par les croyants pour son exemplarité, ce dernier pouvant par ailleurs être remplacé et même éliminé s’il est corrompu.


Pour les Kharidjites, le péché est sévèrement puni à tel point que celui qui le commet est considéré comme apostat et pourrait être tué car coupable d’associationnisme.


Son sort est suspendu au fameux principe de walaya, alliance envers les vrais croyants et de baraa, désaveu envers les pêcheurs.



Les principales branches du Kharidjisme


Les Kharidjites se sont scindés en plusieurs branches dont les principales sont :


  • Les Azraqites, fondé par Nafi’ ben Al-Azraq, connus pour leur violence extrême basée sur le meurtre religieux concernant tous les incroyants, ainsi que ceux qui refusaient de prendre les armes contre tout pouvoir qu’ils jugent immérité ou injuste. Pour les Azraqites, égorger un prisonnier et un test obligatoire pour tout nouveau converti au kharidjisme…


  • Les Najadat, groupe dissident Azraqite créé autour de la personne de Najda ben Amir Al Haruru Al Hanafi, prônent comme les Azraqites la prise du pouvoir par la force, mais ne s’opposent ni à la dissimulation des convictions comme les Azraqites, ni n’adoptent l’excommunication des musulmans.


  • Les Sufrites, moins radicaux, estiment que les croyants qui commettent des fautes moindres ne peuvent être bannis de la communauté des croyants. Toutefois, le Sufrisme a permis à ses adeptes de se soulever contre le Califat de former plusieurs royaumes sufrites, à Tlemcen, en Algérie ou Sijilmasa au Maroc.


  • Les Ibadites, qui forment aujourd’hui la seule branche existante des Kharidjites, ont également réussi à fonder des dynasties importantes à l’image de celle des Rostémides ou le Royaume d’Oman. Tout aussi intransigeants dans leurs principes que la doctrine Kharidjites, les Ibadites rejettent toutefois la violence, tout comme ils ne considèrent pas les croyants musulmans comme infidèles, dès lors que repentir est sincère même après un péché grave.


Les Kharidjites aujourd’hui


Aujourd’hui présents principalement à Oman et en Afrique du Nord dans le Mzab algérien, à Djebel Nafoussa en Libye, sur l’ile de Djerba en Tunisie et à moindre échelle au Zanzibar, ancienne colonie d’Oman, les Ibadites se caractérisent par un rigorisme moral et un séparatisme religieux qui les éloigne généralement du reste de la communauté musulmane.


Dans notre prochaine et dernier volet consacré au pluralisme en Islam, nous nous focaliserons sur le sunnisme, né en 750, lorsque la dynastie Abbasside de Baghdad, du nom du deuxième oncle du Prophète al-‘Abbâs Ibn Abd al-Muttalib, remplace les Omeyyades de Damas et impose, pour faire face au riche pluralisme que connaissait la Oumma, en plus d’un califat de la lignée de Mohamed QSSSL, ce nouveau courant théologique conciliant.


Crédit photo : @Augustin Jomier


28 vues0 commentaire
bottom of page