Les fondements de la coexistence en islam
- MinbarInfo GMP
- 16 avr.
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Dernière mise à jour : 1 mai

Dans un contexte mondial marqué par la montée des tensions religieuses, culturelles et identitaires, la question de la coexistence entre les individus et les communautés s’impose avec urgence. L’islam, dès ses origines, a posé les bases d’un modèle de coexistence fondé sur des principes solides : la justice, la liberté religieuse, le respect de l’autre, et le dialogue interculturel. Ces principes sont non seulement inscrits dans les textes sacrés de l’islam, mais aussi incarnés dans la pratique (Sira) du Prophète Mohammad (paix et salut sur lui) et de ses compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux).
L’islam ne prône pas un choc des civilisations, mais une rencontre des cultures fondée sur la dignité partagée
1. La reconnaissance de la diversité et de la différence
L’islam ne se limite pas à tolérer la diversité ; il la reconnaît comme une valeur universelle établie par Allah. Le Coran affirme :« Et si ton Seigneur avait voulu, Il aurait fait des hommes une seule communauté. Or, ils ne cessent d’être en désaccord » (Sourate Hûd, verset 118).
Cette reconnaissance ne vise pas à entretenir la séparation, mais plutôt à promouvoir une connaissance réciproque fondée sur le respect et le dialogue. Ce principe trouve un écho concret dans la première Constitution islamique, connue sous le nom de "Constitution de Médine", qui garantissait les droits civils et religieux des juifs, des païens et des musulmans au sein d’un même cadre communautaire.
L’histoire de l’islam regorge de preuves attestant que les non-musulmans ont vécu en sécurité au sein des sociétés musulmanes
2. L’interdiction de la contrainte en matière de foi
L’un des fondements les plus marquants de la coexistence islamique est la liberté de conscience. Le Coran déclare :« Nulle contrainte en religion » (Sourate Al-Baqara, verset 256).
Ce verset pose un principe universel selon lequel la foi ne peut être authentique que si elle est librement choisie. Ce principe a été mis en œuvre dans plusieurs événements historiques : lors de la conquête de La Mecque, le Prophète Mohammad (paix et salut sur lui) n’a contraint personne à embrasser l’islam ; de même, il a accordé aux chrétiens de Najrân la liberté de culte et la protection de leurs lieux de prière.
En islam, la justice est non seulement une vertu personnelle, mais également un principe fondamental régissant les relations sociales, y compris avec ceux qui professent une autre foi
3. La justice envers les non-musulmans
L’équité en islam s’applique à tous, indépendamment de la religion, de l’origine ou du statut social. Le Coran ordonne :« Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injustes. Soyez justes : cela est plus proche de la piété »(Sourate Al-Maïda, verset 8).
Une illustration remarquable de cette justice est l’incident impliquant le calife Ali ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui), qui accepta de comparaître devant un tribunal islamique en tant que plaignant contre un citoyen juif, sans bénéficier d’aucun privilège lié à son statut de chef d’État.
Le traitement réservé aux non-musulmans dans l’islam est marqué par le respect, la dignité, et une éthique de bienveillance
4. La miséricorde et la bienveillance dans les relations humaines
L’islam est une religion de miséricorde. Allah qualifie le Prophète (paix et salut sur lui) en ces termes :« Et Nous ne t’avons envoyé que comme miséricorde pour les mondes » (Sourate Al-Anbiyâ’, verset 107).
La miséricorde s’étend à tous les êtres vivants, sans distinction. Le Prophète (paix et salut sur lui) a reçu dans sa mosquée un groupe de chrétiens de Najrân et leur a permis de prier selon leurs rites, démontrant ainsi une ouverture d’esprit et une tolérance exemplaire. Il enseignait également :« Ceux qui font miséricorde recevront la miséricorde du Miséricordieux. Faites miséricorde à ceux qui sont sur la terre, Celui qui est dans le ciel vous fera miséricorde » (Hadith rapporté par At-Tirmidhi).
La collaboration entre croyants de différentes confessions, lorsqu’elle est orientée vers le bien commun, incarne pleinement l’esprit du vivre-ensemble islamique
5. La coopération pour le bien commun
L’islam encourage la coopération avec toute personne ou groupe œuvrant pour le bien et la justice. Le Coran stipule :« Et entraidez-vous dans l’accomplissement du bien et de la piété, et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression » (Sourate Al-Maïda, verset 2).
L’histoire d’al-Andalus (Andalousie musulmane) illustre parfaitement cette coopération. Pendant plusieurs siècles, musulmans, chrétiens et juifs ont cohabité, échangé des savoirs, et bâti ensemble une civilisation florissante, notamment dans les domaines de la médecine, de la philosophie, des mathématiques et de la musique.
La coexistence en islam n’est ni circonstancielle ni opportuniste : elle est profondément enracinée dans les textes fondateurs, la tradition prophétique et l’expérience historique. L’islam ne nie pas la diversité ; au contraire, il la valorise comme une richesse à préserver et à gérer avec sagesse. Aujourd’hui, face aux défis du pluralisme culturel et religieux, les fondements de la coexistence en islam offrent un modèle éthique et spirituel pertinent pour construire des sociétés plus justes, plus solidaires et plus humaines.
La Rédaction
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